Quelle philosophie ?
L'esprit dans lequel je souhaite travailler est illustré par ce conte :
Un homme avait entendu dire qu'un sage gardait toujours un grand amour et une grande bienveillance et que si quelqu'un lui faisait du mal, il répondait par la bonté.
Pour cette raison, il se mit à injurier le sage, mais celui-ci garda son calme et ne montra aucun désagrément.
« Cet homme est stupide et sans discernement», pensa-t-il.
Quand les injures s'arrêtèrent, il dit : « Mon fils, si tu fais un cadeau à un homme et que cet homme ne le reçoit pas, que vas-tu faire de ce cadeau ? »
L'homme répondit : « Le remporter ! »
« Maintenant, mon fils, tu m'adresses des injures. De la même manière, je ne les reçois pas. Mon fils, tu peux toi-même les remporter. Mon fils, le désagrément sera pour toi ! Comme l'écho suit la voix, comme l'ombre court après le corps, ainsi l'on ne peut échapper au fruit de ses propres actes. Prenez garde de faire le mal ! »....
Il m'apparaît en effet que le rôle de l'avocat peut consister à aider son client à prendre de la distance à l'égard de situations complexes et douloureuses et à l'éloigner de ses sentiments vindicatifs.
Ce client peut ainsi être en mesure de réorienter sa vie – lorsqu'elle est happée par le conflit judiciaire – vers un avenir plus constructif, l'avocat prenant à sa charge la gestion du conflit.
Ceci se traduit aussi par le devoir de l'avocat de ne pas descendre dans l'arène où pourraient s'écharper les parties à un procès, puisque qu'écrire avec outrance n'a jamais apporté aucune force supplémentaire au propos d'une partie.
Au contraire, Jean Marc Varaut, célèbre avocat, insiste sur l'exigence de neutralité de l'avocat dans son travail, pour être en mesure de jouer pleinement son office d'avocat conseil et de défense et échapper à une identification pernicieuse :
« L'avocat ne doit avoir de cesse de s'être déraciné, dépolitisé, déclassé, d'avoir pris ses distances avec la réalité sociale du moment comme avec ses propres préjugés. »